A la decouverte de Dharamsala – la spiritualite Indienne
Le Dalaï-lama, figure tutélaire pour tous les Tibétains en exil, est présent en effigie dans tous les temples, les foyers et même les boutiques de Dharamsala : jeune, moins jeune plus âgé et plus corpulent, avec ou sans lunettes, debout, assis, seul avec son chien ou avec le jeune Karmapa qui a fui le Tibet à la barbe des Chinois qui l’avaient kidnappé – nous visiterons son temple quelques kilomètres plus bas dans la plaine.
Omniprésent sans aucun culte de la personnalité, il rassemble toutes les énergies et l’espoir d’un pays, d’une culture qui sans lui peut-être appartiendrait définitivement au passé. Aucune comparaison possible avec les chefs spirituels des religions du Livre, sauf peut-être pour la spontanéité avec Monseigneur Desmond Tutu qui fut à l’origine de la politique de réconciliation nationale en Afrique du Sud, lui aussi Prix Nobel de la Paix.
Qui sans le Dalaï-lama parlerait encore aujourd’hui du Tibet et des Tibétains sauf des nostalgiques du passé ? Lorsque la Chine envahit le pays il y eut alors nombre de déclarations vertueuses (affichées dans le petit musée historique qui jouxte le monastère de Dharamsala) sur le droit des peuples à s’autodéterminer, venant des organisations internationales – ONU en tête ; depuis il s’en proclame régulièrement, tout aussi vertueuses et semble-t-il inefficaces.
Les Tibétains en exil et leur gouvernement évoquent un retrait ou un recul de la Chine engagée selon eux dans un processus de démocratisation – de jeunes poètes chinois ont publié dans leur presse des poèmes en faveur d’un Tibet libre… L’an prochain à Lhassa ? Le nouveau train qui relie désormais directement Pékin à la capitale de l’ex-Tibet n’en prend pas la direction. A Dharamsala, les responsables soucieux de la survie de leur culture interrogent, dit-on, les responsables israéliens dont la langue a survécu à travers deux millénaires d’exil…
Rencontre avec le Dalaï-lama. Chaque année le Dalaï-lama consacre plusieurs semaines à un enseignement qui attire une vaste foule de touristes et de moines. Cet enseignement se déroule dans une très vaste cour de son monastère bordée, comme un préau, de verrières. Pour assister à cet enseignement il faut les jours précédents faire une assez longue queue dans une officine spécialisée et présenter son passeport, deux photos d’identité et cinq roupies ; on reçoit un « passe » que l’on épingle comme tous les badges sur son vêtement.
Le matin (ou l’après-midi) on se présente à l’entrée du monastère – assez tôt pour là aussi éviter la queue ; on passe sous un détecteur comme dans les aéroports et on est fouillé – disons palpé – pour vérifier que l’on ne transporte pas – comme l’interdit une pancarte imagée – aucun appareil d’enregistrement visuel ou sonore, pas de couteau pliant (l’image présente un canif ), pas d’allumettes et bien sûr pas de revolver. Les familles peuvent s’arrêter dans une sorte d’avant-cour avec haut-parleurs où les enfants jouent calmement. Sur la très vaste esplanade, chacun se trouve une place sur un coussin ou une moquette archi-usée ; on attend dans le calme.
Un énorme camion monte jusqu’à l’entrée de la cour et décharge des paniers remplis de grosses brioches qui sont ensuite distribuées par des moines à tous les participants, si nécessaire à la volée ; ensuite ces moines circulent avec de grosses bouilloires et distribuent du thé au lait à ceux qui présentent un récipient et mieux – c’est appréciable quand on a négligé son petit déjeuner pour arriver tôt – des gobelets en carton que des voisins obligeants font circuler remplis jusqu’à vous. On attend dans un recueillement tranquille ; le Dalaï-lama arrive, précédé et suivi d’un petit groupe de moines, de civils et de trois militaires d’allure débonnaire, le fusil pointé vers la terre. Il traverse la cour en son milieu, par un étroit couloir, salue à droite et à gauche ; les gens se lèvent et restent courbés. Il gagne des tribunes qui surplombent la cour en balcon ; elles sont ornées de drapeaux et de banderoles où dominent le jaune et le rouge et des slogans « Free Tibet » ; sur les côtés sont affichées des proclamations de Nehru sur le droit à l’indépendance du Tibet.
De la tribune, visible à toute l’assistance, le Dalaï-lama psalmodie assez longuement des sutras en déplaçant quelques objets cultuels puis commence sa prédication, qui est traduite en anglais, en français et, je l’apprends à mes dépens, en espagnol ; on m’avait proposé un petit poste de radio réglable pour suivre la traduction française mais, brouillée avec toute manifestation de la technique, j’ai décliné la proposition, préférant suivre le rythme du discours original, pour son ton et son parler assurés, tranquilles et convaincants dans ce qui apparaît parfois comme un dialogue à sens unique destiné à convaincre, avec des oscillations du buste et des gestes de la main, un interlocuteur invisible – ici une foule très visible et littéralement sous le charme. Parfois le Dalaï-lama rit, suivi par l’assemblée; Il s’interrompt pour boire du thé ou de l’eau chaude.
Plusieurs assistants autour de moi prennent des notes ; je préfère me laisser bercer ; J’aurai bien l’occasion de retrouver son enseignement dans ses livres, dès même la sortie du monastère où sont proposés en anglais les sutras entendus. A la fin, après avoir psalmodié des sutras, Il refait son chemin initial en sens inverse, retraverse la cour de manière aussi peu protocolaire qu’à l’aller. La sonorisation est remarquable et parvient jusqu’aux rues éloignées où les commerçants écoutent cet enseignement sur un petit poste de radio tout en attendant les chalands. A l’entrée du temple une large pancarte réclame des volontaires pour nettoyer les lieux après la cérémonie.
Denise, dont le compagnon de vie était tibétain et qui depuis des années consacre toute son énergie à la cause de la culture en exil et aux exilés eux-mêmes – l’A.P.A.C.T. mobilise près de cinq cents « sponsors » et travaille en accord avec d’autres organisations non gouvernementales internationales, souhaitait plus que tout au monde une rencontre avec le Dalaï-lama ; elle l’a sollicitée par l’intermédiaire de son secrétaire privé.
Réponse, à plusieurs reprises évasive : ces rencontres ne se décident qu’au dernier moment ; passez tel jour : pas de nouvelles ; repassez tel jour telle heure ; toujours rien. Finalement, un soir… Nous sommes à nouveau reçues chez la doctoresse qui, « sponsorisée » toute jeune par l’A.P.A.C.T., a pu, grâce à cette aide économique et aussi morale, mener à bien ses études de médecine. Lors de notre première visite elle a conseillé Delphine pour une amie malade restée en France, après transmission de détails précis, prescrivant un traitement ayurvédique simple à mener pendant trois mois. Près de chez elle et son mari habite un important dignitaire religieux, un « Rinpoche » proche du Dalaï-lama et ancien ministre.
Ils l’ont invité à dîner avec nous. Le « Rinpoche » fait les honneurs de l’autel familial où sont encore des offrandes présentes depuis le nouvel an tibétain (fin janvier ; je remarque parmi celles-ci une tablette de toblerone). Il explique en tibétain, traduit en anglais par notre hôtesse puis retraduit en français par Denise, et nous présente avec émotion une statue du Bouddha très modeste, mais qui a été bénie par le Dalai Lama , ; il nous explique les détails d’un beau thangka, révèle les noms et la signification de certaines « divinités courroucées » d’aspect effrayant, qui ont pour rôle d’exorciser nos émotions négatives rentrées.
Le petit garçon de la doctoresse, après avoir fait son timide s’est beaucoup enhardi ; après avoir regardé la télévision il se laisse convaincre d’aller au dodo. Ici aussi, Denise a amené plusieurs dossiers, dont celui d’une jeune femme (nous allons la rencontrer, très belle, intimidée et sans doute plus que cela car il s’agit de lui trouver un « sponsor ») naguère abandonnée avec des jumeaux par son époux tibétain ; désespérée elle avait fait passer ses enfants pour des neveux recueillis afin de leur offrir une meilleure chance d’adoption; elle a entrepris des études de couture, interrompues par la tuberculose; Denise prend bonne note, et vérifie quelques autres cas.
Nous passons à table ; habitude ou manque de place, ici comme partout où nous avons été reçues les femmes servent mais ne prennent pas part au repas. Et là, surprise, après un potage et en accompagnement d’excellents légumes, on nous présente du poulet tandoori. Le « Rinpoche » refuse de se servir le premier comme l’y invite la tradition et insiste pour nous servir. Il mange lui-même du poulet, ce qui nous surprend puisque le Dalaï-lama invite au végétarisme ; est-ce par politesse devant des étrangers, est-ce à la suite de son séjour de plusieurs mois aux Etats-Unis dont il nous entretient pendant que nous mangeons?
En fin de repas, il est neuf heures pile, on téléphone; il décroche et nous regarde ; Denise a compris et cache sa tête dans ses mains : Un rendez-vous nous est fixé au monastère le lendemain matin à huit heures vingt précises. X – un jeune ami – viendra nous chercher.
Avons-nous bien dormi, avons-nous déjeuné ce matin-là ? Nous sommes prêtes bien à l’heure pour ce rendez-vous et dévalons la longue rue depuis notre hôtel jusqu’au monastère où nous entrons par un petit sentier latéral gardé. Notre guide et nos badges nous servent de sauf-conduits. Précautions de fouille habituelles ; puis on nous prie d’attendre au secrétariat où nous laisserons aussi nos sacs, à l’exception d’un appareil de photo, seul autorisé ; le secrétaire nous le prend des mains, prend immédiatement une photo de notre groupe – pour s’assurer… Au moment propice c’est lui qui prendra La photo.
Après un délai d’attente on nous invite à ressortir et nous attendons sur le chemin que va emprunter le Dalaï-lama pour gagner la grande cour où l’attend la foule patiente. Nous sommes alignées auprès de dix Tibétains assez âgés, traits burinés, peut-être une seule famille, qui ont apporté quelques objets à bénir – rosaires, moulin à prière… A chacun des quatorze pèlerins présents (nous sommes les seules Occidentales) un secrétaire passe autour du cou une katha blanche que nous présenterons à la bénédiction. L’attente n’est plus très longue.
Le Dalaï-lama arrive de son pas à la fois un peu lourd et rapide ; il s’arrête auprès des Tibétains, leur adresse des paroles et bénit leurs offrandes. Puis nous. Et puis plus rien. Tout s’est passé très vite. A-t-il adressé la parole à Denise ? A-t-il posé ses mains sur la katha que je tendais après mes trois compagnes? Aucun souvenir. Un grand vide ; dirai-je un peu pompeusement le Vide ? Pourquoi pas ? Plus tard je cogiterai sur l’évanescence de l’instant, ou même l’inexistence du présent entre passé et futur, contrairement à la doctrine de l’ « ici-maintenant ». C’est fini. Je Le suis du regard qui pénètre dans la vaste cour toute proche. J’aimerais y pénétrer ou même y jeter un coup d’oeil mais un garde s’y oppose.
On rend à Denise son appareil de photo et nous redescendons en silence sur la place jusqu’au premier café, déguster une boisson bien chaude, nous réveiller de l’attente, de l’émotion et de la Présence. Denise rêveuse visionne son appareil et nous montre LA précieuse photo bien cadrée prise par le secrétaire où le Dalaï-lama, entre Denise et Delphine, se tourne bien visiblement vers l’objectif, et nous sommes là toutes les quatre, bien visibles à peine à l’arrière-plan. C’est, dirons-nous, une reconnaissance silencieuse trans-personnelle – I Shin den Shin – de l’immense tâche qu’elle et ses deux compagnes ont accomplie pour la cause tibétaine et les dizaines voire des centaines d’enfants et d’adultes qu’elles ont aidés à vivre dans la dignité. Je suis là presque en extra, par une chance extraordinaire.
Le voyage n’est pas terminé pour autant. Nous allons continuer à visiter des écoles et reprendre lentement le chemin de Delhi puis de la France. Ce même soir nous sommes invitées à dîner dans un restaurant japonais, Lung-ta, par le responsable tibétain d’une association tibétaine non gouvernementale, GU-CHUSUM, qui prend en charge les prisonniers politiques – « it provides services to current or former Tibetan prisoners of conscience » (elle vient en aide à des Tibétains « prisonniers de conscience » encore dans les prisons dans leur pays ainsi qu’à ceux qui ont pu s’enfuir)… L’organisation regroupe sous son nom les dates des trois principales révoltes à Lhassa contre l’occupant chinois.
Ici, outre un réconfort physique et moral immédiat, elle se charge d’apprendre aux rescapés un métier d’artisanat, coudre, tailler, assembler, peindre – un recoin dans le restaurant expose leurs créations, des vêtements, des bijoux… Ce soir donc nous mangeons japonais; ici aussi on boit du thé … ou du coca.
Sur le chemin du retour vers Delhi nous visiterons d’autres temples, rencontrerons d’autres figures parfois étonnantes de la culture tibétaine en exil ; ainsi à quelques kilomètres plus bas que Dharamsala se trouve le monastère tantrique de Gyuto où vit le Karmapa qui se situe sur le même plan d’autorité spirituelle que le Dalaï-lama sans en posséder la fonction politique. Avec nombre de touristes étrangers soumis au préalable comme pour le Dalaï-lama aux mêmes procédures de sécurité, nous suivons son enseignement à l’intérieur de son temple ; il le donne en tibétain, doublé à intervalles réguliers par une traduction en anglais.
Notre périple, toujours dans le « tourist-taxi » retenu depuis Dharamsala (en fait c’est le même chauffeur depuis Delhi que Denise a retenu pour le retour en raison de sa grande compétence) nous ramène lentement vers la capitale et notre avion. Nous nous sommes donc arrêtées trois jours dans la guest-house de l’école de Chauntra. Puis nous sommes redescendues vers la plaine et j’ai admiré ces montagnes relativement modestes mais très élancées, tout en évoquant avec de la nostalgie les Pyrénées et tel coin tranquille de la vallée d’Aspe ou d’Ossau.
Jusqu’à Rewalsar ; à l’altitude de 1350 mètres encore, c’est une petite bourgade provinciale considérée de longue date comme une enclave tibétaine ; lieu sacré pour les Tibétains, fréquenté par les bouddhistes de toute obédience ; lieu de pèlerinages ininterrompus où dégorgent des autocars entiers de régionaux, elle s’est édifiée autour d’un petit lac sacré dont on fait aisément le tour à pied en admirant tout du long, comme dans tous les lieux consacrés du bouddhisme tibétain, les oriflammes de cinq couleurs – et surtout la succession presque ininterrompue de temples hindous, sikhs et tibétains, chacune des trois religions se manifestant à travers son architecture aux couleurs propres, allant de la blancheur crème des sikhs au jaune éclatant des tibétains, alors que les hindous se distinguent par le baroquisme des formes et l’exubérance des couleurs vives.
La pluie intervient assez rapidement pour nous priver du beau paysage et surtout nous pénétrer d’humidité. L’hôtel modeste, jadis pimpant, où nous sommes descendus, aujourd’hui décrépit mais propre, nous propose d’installer dans nos chambres un petit radiateur électrique moyennant un supplément de 150 roupies (3 euros) par jour – un supplément grandement apprécié par le corps et le mental.
Grande surprise pour une non-initiée de mon espèce : très haut dans la montagne (on s’y rend en taxi par une route très étroite et escarpée) on peut visiter des grottes qui furent jadis occupées par des ascètes, entre autres par le grand yogi indien Padmasambhava (c’est son nom sanscrit ; en tibétain : Guru Rinpoche) considéré comme un deuxième Bouddha par les Tibétains. Certaines grottes plus vastes et mieux aménagées (avec téléphone et électricité) sont encore habitées par des ermites de l’un et l’autre sexe, habitués à des visites de touristes; j’y croiserai un groupe de membres de la Société de Géographie de Paris.
Dans l’une de ces grottes, un peu à l’écart de la route macadamisée, vit en solitaire une jeune moniale très souriante, qui fut aidée dans ses études par l’un de nos « sponsors ». Elle n’hésitera pas à parcourir plusieurs fois à pied, pour nous revoir, l’imposant trajet qui sépare sa grotte de notre hôtel. Puis c’est Delhi, laissant à peine vingt-cinq kilomètres la ville de Chandigarh réalisée par Le Cor busier, que l’état de la route (en réfection, barrée elle exigerait un détour incompatible avec nos douze heures prévues pour atteindre l’hôtel retenu à Delhi). Puis les aéroports – départ et arrivée avec leurs interminables, harassantes files d’attente évitables (pourquoi à Roissy, à cinq heures du matin n’ouvrir que quatre sur les douze guichets qui permettraient d’évacuer normalement les foules que déversent l’un après l’autre les gros cargos alors que le précédent n’a pas encore été évacué ? Une heure de queue pour montrer son passeport quelques secondes… Puis à l’autre bout de l’aéroport la gare du TGV, sans queue cette fois et mon domicile moins de quatre heures plus tard.
Ai-je changé ? Le soir même du départ je me suis délibérément imprégnée, sans m’éloigner de l’hôtel, de l’active rue commerçante, des lumières, des bruits parfois cacophoniques, parce que je voulais surtout ne pas oublier… Je revis tranquillement ce voyage sans nostalgie. Que m’a-t-il apporté outre ces souvenirs humains et paysagers ? Aucune transformation révolutionnaire, mais une plus grande attention à cet « ici maintenant » du monde dans sa beauté. Un plus grand intérêt, plus de curiosité pour ceux qui m’entourent et pour les gens que je rencontre. Plus de calme et de tranquillité mais aussi toujours au bord de l’angoisse existentielle que nous nous efforçons d’étouffer par des engagements oiseux qui nous donnent bien à tort l’impression d’exister – la vraie vie est absente, disait Numero ; ailleurs. L’a-t-il vraiment trouvée ou même entrevue ?
En laissant les souvenirs et les impressions se décanter tranquillement je crois avoir compris le sens (et l’utilité) de ce : « Others first ». Surtout ni du stoïcisme ni encore moins du masochisme, mais un épanouissement de soi, une consolidation de soi dans des relations ouvertes sans crainte avec autrui. Après mon retour en France le directeur de l’une des écoles que nous avions visitées m’a fait parvenir un modeste thankha – beaucoup moins ouvragé que celui que je m’étais offert dans une boutique de Dharamsala – un beau travail exécuté par un moine, insistait le marchand.
Le modeste présent, qui représente un bouddha ou un bodhisatva en méditation, a immédiatement pris possession de mon cœur – comme une fillette, qui comparé à un superbe cadeau préfère une modeste poupée quelle traîne immanquablement avec elle… je me contente de la contempler en m’interrogeant sur l’étrange connivence entre cet ouvrage et une certaine joie. Je l’ai accrochée au-dessus de mon lit, et l’emmène avec moi en voyage roulée dans ma valise. Est-ce simplement le fait d’avoir reçu un cadeau inattendu lié au souvenir heureux d’une visite dans cette école ? Objets inanimés…
Je préfère dire : I shin den shin, de mon âme à ton âme. Message de Sa Sainteté le Dalaï-lama pour le 48ème anniversaire du soulèvement national tibétain «A l’ occasion du 48ème anniversaire du soulèvement pacifique du peuple tibétain à Lhassa, en 1959, je rends hommage à tous les Tibétains qui ont souffert et qui ont sacrifié leur vie pour la cause tibétaine. Je leur offre mes prières. J’exprime aussi ma solidarité à celles et ceux qui souffrent toujours de la répression et sont actuellement emprisonnés.
En 2006, nous avons constaté à la fois des changements positifs et négatifs en République Populaire de Chine. D’un côté, la ligne dure s’est intensifiée, avec notamment une campagne de dénigrement contre nous et, de manière encore plus inquiétante, le renforcement des mesures de contrôle politique et de répression au Tibet. De l’autre, en Chine même, la liberté d’expression s’est visiblement élargie. En particulier, l’idée s’est développée parmi les intellectuels chinois qu’il était nécessaire d’inventer une société plus pleine de sens, fondée sur des valeurs spirituelles.
L’opinion selon laquelle le système en place est inadapté pour créer une telle société, gagne du terrain. De là, le développement de la foi religieuse en général et de l’intérêt pour le bouddhisme et la culture du Tibet en particulier. De surcroît, beaucoup expriment le vœu que je puisse accomplir un pèlerinage en Chine et y donner des enseignements.
L’appel répété du Président Hu Jintao à une société harmonieuse est louable. La réalisation d’une telle société suppose au sein du peuple le développement de la confiance, ce qui ne peut se réaliser que lorsque règnent la liberté d’expression, la vérité, la justice et l’égalité.
Il est ainsi essentiel que les responsables, à tous les niveaux, non seulement approuvent ces principes, mais les mettent en pratique. En ce qui concerne nos relations avec la Chine, dès 1974 nous avons réalisé que l’occasion d’ouvrir le dialogue avec la Chine se présenterait inévitablement, un jour ou l’autre. Nous nous sommes préparés dans le but d’obtenir une véritable autonomie, en laquelle tous les Tibétains seraient unifiés, tel que le prévoit solennellement la constitution chinoise. En 1979, Deng Xiaoping a proposé qu’à l’exception de l’indépendance, les autres problèmes concernant le Tibet, puissent être tous résolus par la négociation.
Comme cela s’accordait à notre propre conception, nous avons opté pour la politique de la Voie Médiane, dans l’optique d’un bénéfice mutuel. Depuis, et durant les vingt-huit années qui ont suivi, nous avons poursuivi cette politique avec constance et sincérité. C’est après des discussions approfondies et des analyses sérieuses qu’elle a été formulée, avec pour objectif de servir les intérêts immédiats et à long terme des Tibétains, comme des Chinois. Elle sert également la coexistence pacifique en Asie et la protection de l’environnement. Cette politique a été approuvée et soutenue avec réalisme par de nombreux Tibétains, à l’intérieur comme à l’extérieur du Tibet, ainsi que par de nombreux pays.
La principale raison ayant motivé la proposition que j’ai faite d’une véritable autonomie régionale des nationalités pour tous les Tibétains est d’assurer une égalité véritable et de faire naître un sentiment d’unité entre Tibétains et Chinois, en éliminant le grand chauvinisme des Hans aussi bien que le nationalisme local. Cela devrait contribuer à la stabilité du pays, grâce à l’entraide, la confiance et l’amitié entre nos deux nationalités. Cela participera également au maintien de notre richesse culturelle et de notre langue, dans un juste équilibre entre développements matériel et spirituel, au bénéfice de l’humanité tout entière.
Il est exact que la constitution chinoise garantit aux nationalités minoritaires une autonomie régionale des nationalités. Le problème est que ce principe n’est pas pleinement mis en pratique. Ceci explique que son but, pourtant explicite, ne soit pas réalisé : protéger l’identité, la culture et la langue des nationalités minoritaires. Ce qui se passe sur le terrain, c’est que des populations entières appartenant aux nationalités majoritaires se sont installées dans des régions appartenant aux minorités.
En conséquence, les nationalités minoritaires, au lieu de pouvoir préserver leur propre identité, leur culture et leur langue, n’ont pas eu d’autres choix que d’adopter la langue et les coutumes de la nationalité majoritaire, et cela dans leur vie quotidienne. De là vient le danger d’une extinction progressive des langues et des riches traditions des nationalités minoritaires.
Il n’y a rien de mauvais en soi à vouloir développer des infrastructures, comme par exemple le chemin de fer. Néanmoins celui-ci est la source de bien des problèmes car depuis que la voie ferrée est devenue opérationnelle, le Tibet a connu une nouvelle augmentation du transfert de population chinoise, l’accélération de la détérioration de son environnement, l’augmentation de la pollution, du mauvais usage de l’eau et de l’exploitation des ressources naturelles, toutes causes de la dévastation du pays et de la ruine de ceux qui y vivent.
Bien qu’il y ait eu un certain nombre de membres du Parti communiste instruits et compétents, issus des nationalités minoritaires, il est regrettable que très peu d’entre eux aient obtenu des postes de direction au niveau national. Certains d’entre eux se sont même vus traités de séparatistes. Si l’on veut obtenir des bénéfices tangibles aussi bien pour les nationalités majoritaires que celles qui sont minoritaires, ainsi d’ailleurs que pour le gouvernement central et pour les gouvernements régionaux, il faut mettre en place une autonomie significative. Dans la mesure où cette autonomie concerne en particulier les nationalités minoritaires, la revendication de voir tous les Tibétains placés sous une seule et même administration est sincère, juste et transparente. Il est clair, aux yeux du monde, que nous n’avons pas d’objectifs cachés. C’est donc un devoir sacré pour tous les Tibétains de continuer la lutte jusqu’à la réalisation de cette exigence raisonnable.
Peu importe combien de temps cela prendra, notre ardeur et notre détermination demeureront inchangées jusqu’à l’accomplissement de nos aspirations. La lutte du peuple tibétain n’est pas un combat pour le statut particulier de quelques individus, c’est la lutte de tout un peuple. D’ores et déjà, nous avons transformé l’administration et la communauté tibétaine en exil en une structure authentiquement démocratique et qui a vu se succéder des dirigeants élus par le peuple lui-même. Ainsi avons-nous mis en place une institution profondément enracinée, ardemment sociale et politique, qui poursuivra notre lutte de générations en générations.
Finalement les décisions déterminantes seront prises démocratiquement par le peuple lui-même. Depuis la reprise de contacts directs entre les Tibétains et Chinois en 2002, mes représentants ont mené cinq sessions de discussions larges et approfondies avec les représentants de la République Populaire de Chine en charge du dossier. Au cours de ces discussions, les deux parties ont pu exprimer en termes clairs leur méfiance, leurs doutes, et les vraies difficultés qui persistent de chaque côté. Ces sessions de discussions nous ont néanmoins aidés à créer un courant de communication entre les deux parties. La délégation tibétaine se tient prête à poursuivre le dialogue à tout moment, en tout lieu. Le Kashag (Cabinet) donnera des détails dans son propre discours.
Je félicite toutes les Tibétaines, tous les Tibétains qui, au Tibet, membres du Parti communiste, dirigeants, responsables, professionnels et autres, ont maintenu l’esprit tibétain en poursuivant consciencieusement leurs efforts dans l’intérêt du peuple tibétain. J’exprime mon admiration profonde pour les Tibétaines et les Tibétains au Tibet qui, en dépit de toutes les épreuves, ont œuvré pour préserver l’identité tibétaine, la culture et la langue.
J’admire leur détermination et leur courage inébranlables dans la réalisation des aspirations du peuple tibétain. J’ai la certitude qu’ils continueront à lutter pour notre cause commune avec dévouement et détermination. Je demande à tous les Tibétains à l’intérieur et à l’extérieur du Tibet de travailler dans l’unité pour un avenir sûr fondé sur l’égalité et l’harmonie entre les nationalités.
Je voudrais saisir cette occasion pour remercier du fond du cœur le peuple et le gouvernement de l’Inde pour sa générosité et son soutien inébranlables et incomparables. J’exprime toute ma gratitude aux gouvernements et aux peuples de la communauté internationale pour leur intérêt et le soutien qu’ils apportent à la cause tibétaine. Avec mes prières pour la paix et le bien-être de tous les êtres.
Le paradoxe de notre âge
Nous avons des maisons plus grandes mais des familles plus petites ;
plus de facilités mais moins de temps.
Plus de diplômes mais moins de bon sens ;
Plus de savoir mais moins de jugement ;
plus d’experts, mais plus de problèmes
plus de médicaments mais moins de santé.
Nous sommes avons déjà marché sur la lune mais nous avons du mal à traverser la rue Pour rencontrer notre nouveau voisin. Nous construisons plus d’ordinateurs pour contenir plus d’informations produire plus de copies que jamais mais nous avons moins de communication. Nous sommes devenus longs pour la quantité mais courts sur la qualité. Nous pratiquons les fast foods mais digérons lentement ; L’homme est plus grand mais plus petit est son caractère ; Les profits sont hauts mais les relations sont superficielles. Nous vivons dans un temps où il y a beaucoup de chose à voir en vitrine mais rien à l’intérieur.
Une Précieuse Vie Humaine Chaque jour, au réveil, pensez : Quelle chance de m’éveiller aujourd’hui ! Je suis vivant, j’ai une précieuse vie humaine. Je ne vais pas la gaspiller Je vais utiliser toutes mes énergies pour me développer, ouvrir mon coeur aux autres, atteindre l’éveil pour le bénéfice de tous les êtres.
J’aurai des bonnes pensées envers les autres. Je ne me mettrai pas en colère, Ni ne penserai mal des autres. Je vais être bénéfique aux autres autant que je le pourrai. Le sens véritable de la vie Nous sommes des visiteurs sur cette planète. Nous sommes ici pour quatre-vingt- dix Ou cent ans au plus. Durant cette période, nous devons essayer de faire quelque chose de bon quelque chose d’utile de notre vie. Si nous contribuons au bonheur des autres nous aurons trouvé la vraie finalité,
Le sens véritable de la vie
Ne renoncez jamais
Peu importe ce qui arrive
Ne renoncez jamais
Développez le coeur
Trop d’énergie dans votre pays
est dépensée à développer l’intelligence
au lieu du coeur
Développez le coeur
Pratiquez la compassion
pas seulement envers vos amis
mais pour tous
Pratiquez la compassion
Travaillez pour la paix
dans votre coeur et dans le monde
Travaillez pour la paix
et je dis à nouveau
Ne renoncez jamais
Quoi qu’il arrive
Peu importe ce qui se passe autour de vous
Ne renoncez jamais.»
His Holiness the XIVth Dalai Lama…