Observation des baleines à Mirissa
“Un monde sans dauphins et baleines n’a plus rien d’un monde » – Ric O’Barry
La nuit était en train de tomber lorsque je suis arrivé à mon hôtel de Mirissa. Je m’étais rendu dans cette ville avec un but précis: immortaliser le plus gros mammifère du monde grâce à mon appareil photo. C’était la saison des baleines et des dauphins, qui migrent d’un endroit du monde à l’autre en passant par les océans du Sri Lanka.
Cachalots, baleines bleues, gobicéphales se déplacent en large groupe de 50 à 100 baleines, parfois dans moins de 30 mètres d’eau, avec une énorme concentration dans le récif de Mirissa. Les baleines sont souvent accompagnés de grands groupes de dauphins.
Mirissa est une sorte d’observatoire naturel de baleines. De nombreux touristes font le choix d’une balade en mer pour aller à la recherche du gros animal marin, mais les gros bateaux, très bruyants, font fuir les baleines. J’ai donc pour ma part cherché un petit bateau qui accepterait de m’amener à la recherche de l’animal. Je résistais à la tentation d’en choisir un grand, nettement plus beau. Il était environ 10h lorsque j’ai trouvé le bateau parfait, The Water Horse : il était petit et équipé d’un sondeur pour faciliter la recherche.
Le capitaine a accepté de m’amener en mer, bien que son petit navire était à la base un bateau de pêche. Il a négocié un prix un peu plus élevé que les prix habituels, que j’ai payé avec plaisir.
Le lendemain matin, à 5h, je me retrouvais sur mon bateau, face à un océan sans fin.
La brise matinale, de paire avec le bruit de la mer ont suffi à motiver le photographe qui sommeille en moi. Je me suis alors installé sur le pont du bateau pour préparer tranquillement mon appareil photo et mon trépied. Le soleil était en train de se lever : une vue à couper le souffle !
Il était presque 5h30 lorsque le capitaine a jeté l’encre, avant de descendre sur le pont avec le petit-déjeuner et les boissons. J’étais pour ma part bien trop occupé à photographier les dauphins qui semblaient escorter notre bateau depuis que nous avions quitté le port.
Les baleines doivent quant à elle revenir toutes les 15 minutes à la surface pour s’oxygéner. Elles commencent par cracher de l’eau qui s’élève parfois jusqu’à 3 mètres de hauteur. Il ne m’a pas fallu longtemps avant d’apercevoir un filet d’eau émaner de la surface. Je sentais mes mains trembloter, plein d’émotion à l’idée que j’étais sur le point de voir le plus gros mammifère du monde.
Personne sur le bateau ne pouvait s’imaginer ce qui allait suivre. La baleine, au lieu de simplement revenir à la surface pou respirer puis replonger dans les eaux, a sauté plusieurs mètres au dessus de l’eau. C’est arrivé si vite que je n’ai même pas eu le temps d’immortaliser le moment.
Il est quasiment impossible de décrire les émotions ainsi que les images qui étaient sous mes yeux. J’entends par là que, évidemment, j’ai déjà vu des baleines plusieurs fois à télévision ou en photo, mais le fait d’être si proche de ces impressionnants animaux étaient une expérience naturellement différence. Le paradis !
J’ai aujourd’hui compris que ce n’est ni un endroit, ni un sentiment que l’on doit chercher. Cela n’a rien à voir avec le lieu dans lequel on se rend. Tout se joue sur les émotions, à ce moment précis de votre vie, que vous ressentez en vivant une expérience si dingue… une vue spectaculaire qui vous fera oublier les angoisses du quotidien.
Ce moment va peut-être disparaître à jamais, mais j’aurais eu la chance d ‘avoir pu les observer . Je repensais à ces baleines qui, cinq fois consécutives, m’ont laissé capturer leur image pour ramener un petit bout d’elles avec moi, dans ma boite à souvenirs.